Travaillons-nous trop ou pas assez ?

Pour le même salaire, seriez-vous prêt à céder un peu de votre temps de travail salarié contre plus de temps libre ? Par « temps libre » nous entendons reprendre la main sur nos rythmes de vie. Par « travail salarié » nous entendons temps de travail subi et non choisi. Par « céder » nous entendons réduire de 20% soit passer de 5 jours travaillés par semaine à 4 jours travaillés par semaine.

Si la réponse peut paraître évidente pour certains d’entre nous pratiquant un travail pénible (tâches physiques ou répétitives, horaires décalées, absence d’autonomie, management oppressant, ennui, perte de sens, etc), elle l’est peut-être moins pour des salariés équilibrés et épanouis au travail. Ceci dit le travail n’est pas tout, et même pour des salariés heureux dans leur job, sans doute plus de temps en famille n’est-il pas de refus, ou à profiter de culture, de sport, à faire du bénévolat, ou à se reposer tout simplement. Pour le même salaire qu’en travaillant 5 jours ?

Réduire la durée légale du temps de travail c’est possible aujourd’hui, sans perte de salaire ni endettement de l’État ou des entreprises. Les entreprises qui passent à la semaine de 4 jours (soit 32 heures) au lieu de 5 jours (soit 35 heures) et qui créent 10% d’emplois nouveaux en CDI se voient exonérées judicieusement des cotisations chômage. Un mouvement global des entreprises vers un fonctionnement à 32 heures par semaine pourrait créer 1,6 millions d’emplois.

Renouer avec une tendance historique de l’augmentation du bien être de tous, par la réduction du labeur humain, n’est pas utopique. C’est bien le sens de l’histoire et des révolutions industrielles. Le progrès rapide et exponentiel de la technologie, l’avènement d’internet et l’intelligence collective, nous le permet avec un potentiel plus élevé que jamais (nous sommes assistés par de nombreux logiciels, automates et robots). Ce progrès, notre bien commun (au même titre que nos services publics, nos routes, nos écoles, nos hôpitaux, notre système éducatif et de recherche, etc) est précieux, et doit être partagé par tous. Il n’y a aucune raison de ne pas profiter dès aujourd’hui de notre génie collectif, du fruit de notre travail, de notre contribution et de celle de nos ancêtres à la société. Le vouloir, le réclamer, est un mouvement civique, enthousiasmant, réaliste, éminemment politique.

Réduire le temps de travail a un impact décisif sur chaque citoyen et crée un cercle vertueux pour le budget de l’État: impact positif sur l’assurance chômage et les cotisations (emplois créés, retraites rééquilibrées), sur la consommation de services et donc la croissance et la collecte de TVA (plus de temps libre), sur la productivité des entreprises (mieux-être au travail), la santé publique et la sécurité sociale. Elle permet par exemple une prise en charge alternative des personnes vulnérables (très grande vieillesse, enfants, handicapés, malades, etc) grâce à un meilleur encadrement par leur famille ou par des associations boostées par le bénévolat.

Malheureusement il est trop tard pour ce quinquennat puisque le partage du temps de travail n’est pas au programme. En revanche il peut déjà être étudié, mieux connu, porté au débat voire expérimenté (400 entreprises pratiquent déjà la semaine de 4 jours avec succès en France). Le terrain peut être préparé, balisé, fertilisé, ensemencé… De nombreux économistes envisagent le partage du temps de travail comme seule solution pour lutter contre le chômage. Les répercutions sont énormes, aussi bien sur le plan personnel que collectif. Ne nous privons pas d’une opportunité historique d’ancrer le débat en politique, de bénéficier d’une visibilité sur les expérimentations en cours, d’exiger une lucidité démocratique sur ce sujet qui mérite toute notre attention. Parlons-en dans nos familles, au travail, au bureau, sur les chantiers, à l’usine, dans les entrepôts logistiques, dans les associations, à l’école, à l’université. La volonté politique existe, soutenons-la si nous y croyons et si nous le souhaitons.

Si vous voulez en savoir plus, RDV sur le site de Nouvelle Donne https://www.nouvelledonne.fr/nos-idees

Ou sur le site européen
https://dutravailpourtous.fr

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